Eric Zemmour vient d’annoncer la création de son réseau « Parents vigilants », par lequel il entend instituer délation et intimidation au sein même des établissements et écoles par le biais des élections de parents d’élèves.

« Témoignez en tant que Parent Vigilant sur ce qu‘il se passe dans l‘école de votre enfant » peut on lire sur le site pro-Zemmour "Parents vigilants"

Leur credo : « L’école est prise en tenaille identitaire entre d’une part l’islamisation, et d’autre part l’idéologie woke qui défend les minorités. (...) Les parents doivent comprendre qu’ils ne peuvent aujourd’hui compter ni sur l’institution, ni sur le ministre, ni sur les juridictions. Je les invite à se regrouper, s’organiser, témoigner aussi, ne plus rien laisser passer, pour l’avenir de leurs enfants. C’est- à-dire celui de notre nation. »

Comme avec les "Journées de retrait de l’école" il y a 10 ans, c’est le champ des associations de parents que l’extrême droite veut investir !

« Je veux que nos Parents vigilants aient des élus partout en France pour pouvoir peser dans la vie administrative des différents établissements scolaires. (...) Soit par la création de listes dans les écoles, lorsque ce sera réalisable, soit en faisant élire ses membres sur les listes déjà existantes. »
« Comprenez bien qu’il n’y a que très peu de candidatures pour ce genre d’élections. Vous avez de grandes chances de gagner et ainsi disposer d’un vrai pouvoir d’influence dans l’établissement de vos enfants. » (septembre 2023)

Soyons donc nous-même vigilants à l’occasion des prochaines élections de parents d’élèves !

Différents réseaux comme “Parents vigilants”, “Les Ruminants”, “Ypomoni”, “S.O.S Education”... tenteront ici et là de se faire élire dans les conseils d’écoles.
Les pétitions proposées aux parents par ces groupuscules permettront en outre un recueil de données personnelles exploitables.

La FSU-SNUipp 94 alerte d’ores et déjà les personnels car cet entrisme ne sera pas sans conséquences pour les personnels et les élèves. La FSU-SNUipp encourage les équipes à alerter systématiquement la hiérarchie et la section départementale de la FSU SNUIPP si cela se produit au sein de votre école.

Les extrême-droites à l’offensive sur l’Ecole

Il n’a échappé à personne que l’extrême droite est à l’offensive sur tous les fronts. On l’a constaté lors de la campagne des dernières élections présidentielles. De manière récurrente le système éducatif dans son ensemble est un sujet de dénigrement permanent. Les personnels sont présentés soit comme les victimes du “wokisme” orchestré depuis le Ministère, soit comme les islamo-gauchistes responsables de “l’islamisation” de l’École.

Elle a aussi investi le champ institutionnel de l’enseignement, par le biais de la Mission parlementaire sur l’éducation prioritaire. Son président, un député du Rassemblement national (RN), Roger Chudeau, aux côtés de la rapporteure "Horizons" Agnès Carel, en est à l’initiative : il a demandé que l’éducation prioritaire fasse l’objet d’une étude approfondie. « Cela fait plus de quarante ans que cette politique existe et près de 20 % des élèves y sont scolarisés. Nous sommes en droit de vouloir l’évaluer ». De la part d’un tel personnage, cela ne laisse rien augurer de bon !

Roger Chudeau exprimait son point de vue en 2021 dans un livret intitulé « Comment faire de l’école publique un rempart contre l’islamisme ?", réalisé pour l’Issep, "l’école" de Marion Maréchal : « La plupart des établissements conquis par l’islamisme ou à tout le moins empêchés de fonctionner normalement se trouvent dans des réseaux d’éducation prioritaire […]. Cela démontre l’échec manifeste de ces zones », écrivait-il alors, s’interrogeant également sur l’efficacité des dédoublements en CP et CE1.

Ce même Chudeau est à l’initiative d’une proposition de Loi sur l’instauration de l’uniforme à l’école.

A cette offensive du RN s’ajoute donc la menace que représente le réseau d’Eric ZEMMOUR

En juin 2022, il publiait déjà une délirante « Lettre aux parents français » pour les « alerter » sur les contenus des enseignements à l’école primaire, attaquant l’enseignement de l’égalité hommes-femmes, du développement durable... Proposant d’interdire l’entrée des associations féministes, anti-racistes à l’Ecole publique « Si j’étais élu ce serait ma 1ère proposition de loi » (RMC 9 juin 2022).

Résister à l’extrême droite !

En tant qu’enseignant·es fonctionnaires, nous avons pour mission d’éduquer contre toutes les formes de discriminations. Il nous faut, au quotidien, déconstruire les stéréotypes de genre, les préjugés liés à la couleur de peau, à l’origine ethnique ou aux croyances religieuses qui sont souvent à l’origine du harcèlement et des discriminations (qui est d’ailleurs une autre priorité affichée par le nouveau ministre). Qui donc, dès lors, protège les enfants ?

Les programmes sont clairs. Comme le rappelle le site Eduscol : "L’École doit préparer chaque élève à sa vie de citoyen. L’éducation aux droits de l’Homme en général et aux droits de l’enfant en particulier fait partie intégrante des programmes d’enseignement. Elle est au fondement de la lutte contre l’intolérance, le racisme et l’antisémitisme."

Malgré le manque de formation et d’outils institutionnels, les équipes s’emploient au quotidien à éduquer au respect des un·es et des autres, à l’acceptation des différences et tentent d’élargir les points de vue avec la volonté de contribuer à bâtir une société juste où tout le monde jouisse des mêmes droits.

Il est donc de notre responsabilité de veiller à maintenir dans nos écoles un climat de tolérance, et d’en fermer la porte aux idées de l’extrême-droite : racisme, sexisme, intolérance confessionnelle, sectarismes, conceptions scientifiques mensongères... Parce qu’elles sont aussi bien contraires à notre déontologie professionnelle qu’aux programmes. Mais aussi parce qu’elles portent toujours des attaques contre le service public d’éducation et l’exigence de réduction des inégalités scolaires.

Comment agir ?

Concernant les attaques contre des collègues, rappelons que diverses actions sont d’emblée possibles :

audience en urgence auprès de l’IEN accompagné d’un-e représentant-e des personnels, avec demande de protection fonctionnellle,
assistance juridique (CAP-autonome ou Autonome de solidarité),
fiches RSST à adresser à l’IEN avec copie à la FSU-SNUipp,
dépôt de plainte...

Si vous êtes victime de mise en cause de ce type, contactez-nous et faites vous accompagner par le SNUipp 94 !

Une intersyndicale avait sollicité une audience auprès de Pap NDiaye en juin pour lui faire part de nos inquiétudes quant à l’augmentation des situations de violences envers des collègues et pour exiger de lui un cadre opérationnel ainsi que la protection immédiate des enseignant·es mis·es en cause.

Une circulaire ministérielle devait paraître…
Il est vraisemblable qu’elle soit remise aux calendes grecques...

Pire, la nomination de Gabriel Attal laisse présager que certaines propositions de l’extrême-droite pourraient trouver au Ministère un écho favorable : preuve en est la proposition du Ministre d’expérimenter le port de l’uniforme dans des écoles, ou la polémique de rentrée organisée sur le port de l’abaya !

La FSU-SNUipp 94 restera vigilante et dénoncera comme elle l’a toujours fait les prescriptions injustes et discriminantes.

Pour aller plus loin : le site du réseau VISA (vigilance et inititiatives syndicales antifascistes) dont la FSU est partie prenante

Elections des parents d'élèves : attention à l'entrisme de l'EXTRÊME-DROITE !

Elections des parents d'élèves : attention à l'entrisme de l'EXTRÊME-DROITE !