Madame la DASEN, Mesdames et Messieurs les membres du CSA-D

Partout dans le monde, les idées réactionnaires et les réflexes de repli sur soi progressent ; la tendance est au réarmement et à l’aggravation des tensions entre les grandes puissances. La guerre en Ukraine continue dans l’indifférence générale et le supplice du peuple Palestinien ne peut laisser aucun citoyen de marbre, encore moins les enseignants chargés de transmettre les valeurs humanistes et le respect du droit qui sont censés être aux fondements de notre République.

Les ambiguïtés présidentielles ne sont absolument pas au niveau de l’urgence de la situation. De son côté, la FSU prend toute sa place dans la mobilisation citoyenne pour la paix, le respect du droit international et le retour des otages.

Il faut dire que notre gouvernement n’est pas en reste dans la course à l’échalote réactionnaire, en témoigne la Loi immigration votée afin de chasser sur les terres électorales de l’extrême- droite. Sur ce terrain là aussi, la FSU s’inscrit pleinement dans la mobilisation, fidèle à son combat contre les idées d’extrême-droite, contre une loi qui n’aboutira qu’à mettre un peu plus en difficulté des milliers de familles et d’enfants en rendant encore plus difficile leur accès à un logement, à des soins, à une vie décente. Ces enfants sont nos élèves et nous mesurons chaque jour les conséquences de la précarisation de leurs parents sur leurs capacités d’apprentissage voire leur développement psychique. Nous sommes extrêmement inquiets et en colère !

Sur le front de l’éducation, les choses ne sont guère reluisantes. Après 5 mois passés au Ministère de l’Education, M. Attal s’en va poursuivre sa carrière politique. Le “Bilan” est amer, puisque le ministère s’est retrouvé au centre du jeu politicien, simple jouet servant à flatter les préjugés d’une partie de la population : interdiction de l’Abaya, uniforme à l’école, réaffirmation de l’autorité, “choc des savoirs” après une pseudo consultation cousue de fil blanc, etc. Rien de tout cela ne permettra de faire face aux défis qui sont les nôtres. Parmi les mesures et annonces démagogiques, on en trouve aussi d’autres plus pernicieuses qui constituent un pas de plus vers une école qui assume de plus en plus son caractère inégalitaire et de tri social, mais aussi la précarisation du métier par le recours à des contractuels non-formés et la mise sous tutelle de la liberté pédagogique (groupes de niveaux au collège, méthodes obligatoires, labellisation des manuels etc.).

A peine ses fonctions prises, Mme Oudéa-Castera a réussi l’exploit de se mettre à dos la profession en étalant toute sa morgue de classe, dénigrant dans le même geste (et qui plus est de manière mensongère si l’on en croit la presse) une collègue, un établissement et au-delà l’école publique dans son ensemble, alors même qu’elle fait partie d’un gouvernement qui est aux affaires pour la 7ème année. Années pendant lesquelles il a consciencieusement prolongé la casse néolibérale des services publics de ces 30 dernières années.

Ne soyons pas injuste, elle n’est pas la première de nos gouvernants à participer au dualisme scolaire organisé par l’État au frais du contribuable (10 Mds d’euros chaque année tout de même) et qui tue notre école publique à petit feu. Par contre, cette affaire met la lumière sur l’hypocrisie de notre classe politique, car enfin, il ne s’agit pas de n’importe quelle école privée, mais d’une école qui a fait l’objet d’un rapport d’inspection accablant, qui développe une politique de non- mixité, d’homophobie structurelle, qui fait du prosélytisme, une école dans laquelle des intervenants peuvent faire la promotion des thérapies de conversion, ou expliquer tranquillement que les foetus récupérés lors des avortements sont utilisés pour faire du doliprane. N’est-ce pas ce gouvernement qui a fait voter une loi contre le séparatisme ? Et bien, s’il ne veut pas galvauder les valeurs républicaines, qu’il l’applique ! Quant à la FSU-SNUipp, elle rappelle son mandat de nationalisation sans indemnité ni rachat de l’enseignement privé, ce qui aurait eu l’avantage d’éviter une vilaine polémique à notre ministre et son gouvernement !

Notre école n’a pas besoin d’un ministre à mi-temps qui comme ses prédécesseurs n’a que faire de la démocratisation scolaire mais au contraire d’une politique acharnée, ambitieuse, sur le long terme. L’erreur de casting est manifeste et il est évident que Mme Oudéa-Castéra ne peut rester en poste en l’état.

Puisque la plupart des familles populaires ou de classe moyenne n’ont pas la possibilité comme notre ministre de choisir le confort ouaté de l’entre-soi bourgeois, elles font effectivement face à la dégradation de notre service public. Inclusion sans moyens (qui sera aggravée par le PAS et les mesures de l’acte II de l’inclusion), crise du recrutement et précarisation du métier par le recours aux contractuels, fermetures de classe, déclassement salarial des personnels enseignants et AESH. Les centaines d’alertes sociales déposées dans les départements, les milliers de témoignages recueillis par la FSU-SNUipp sur la plate-forme “J’alerte” en témoignent. Cela a sans nul doute contribué à faire en sorte que le gouvernement revoie sa copie en ramenant les suppressions de postes à 650 au lieu des 1709 prévues. La baisse démographique de 1,09% ne saurait justifier ces fermetures. Au lieu de profiter de la diminution de la pression démographique pour donner un peu d’air aux écoles, le gouvernement en profite pour faire de l’austérité budgétaire.

Même constatation sur le front des salaires : toute politique de redressement de l’école ne pourra faire l’économie d’un choc salarial visant à récupérer les 27% de pouvoir d’achat perdus depuis 2000 et à endiguer la crise du recrutement. De façon immédiate, le PACTE, bricolage délétère instaurant le paiement à la tâche pour des enseignants déjà surchargés, doit être aboli et l’enveloppe de 1,1 milliards prévue doit être reversée sur la revalorisation inconditionnelle.

Le plan d’urgence dont nous avons besoin doit marcher sur ces deux jambes : augmentation massive des salaires et amélioration des conditions de travail.

Dans notre département, les 30 postes alloués par le ministère et les choix de répartition des moyens que vous opérez Madame la Directrice académique dessinent une carte scolaire problématique.

Ainsi, nous nous interrogeons sur la politique de dédoublement des GS en REP. Comment justifier que seul un quart des écoles du département puissent bénéficier de la mise en œuvre des priorités ministérielles et que rien ne soit fait pour les écoles restantes ? Le choix des locaux apparaît discutable, car il aurait été possible d’attribuer des postes surnuméraires à ces écoles ! La priorité est-elle l’affichage d’avancées sur les promesses présidentielles ou d’une politique d’éducation prioritaire cohérente dans le département ?

Pour les écoles orphelines non plus, le compte n’y est pas : des fermetures ou non ouvertures sur des écoles comme Éboué, Le Cléac’h à Créteil, Simone Veil à Champigny, sur des écoles qui ont pourtant multiplié les audiences pour tirer la sonnette d’alarme comme les Frères Lumières à Fresnes.

Les 156 fermetures ne permettront pas de mettre en place partout les mesures de GS/CP/CE1 à 24 en zone banale, ni de diminuer des seuils bien trop élevés, notamment en maternelle en zone banale. Des seuils à 30 ne sont ni adaptés aux besoins des jeunes enfants, ni à l’évolution de la maternelle devenue entre- temps obligatoire et qui constitue le premier maillon de l’inclusion scolaire. Trop souvent, les enseignant.es de maternelle doivent accueillir des élèves à besoin particuliers sans moyens, le temps de repérer les difficultés, de convaincre les parents, de lancer les procédures de reconnaissance de handicap.

Si finalement 4 ouvertures d’ULIS (non implantées à ce jour) ont été annoncées par Mme Bazzo en CSA-A (un oubli dans les documents de travail), on est encore très loin du compte pour respecter les notifications d’orientation en ULIS TFC comme TSA, tout comme en ULIS Collège.

Les ouvertures de postes d’ERSEH et de régulation scolaire vont permettre de re-dimensionner des zones d’intervention moins étendues (si les postes sont pourvus !). Nous vous demandons d’identifier dans les opérations de mouvement les nouvelles zones d’intervention ainsi que les zones couvertes à titre définitif au risque de ne pas trouver de candidats car il n’est pas aisé de postuler au hasard géographiquement sur un département comme le nôtre où il est extrêmement problématique de se déplacer d’est en ouest en particulier !

La prévention devrait être au centre de nos préoccupations. Elle est au coeur des missions des enseignants spécialisés : ce sont des postes et des départs en formation RASED qu’il faut massivement créer.

Cette rentrée s’est faite dans des conditions extrêmement dégradées : l’aggravation des inégalités sociales, l’affaiblissement des services publics, de la santé, de la psychiatrie, conséquences de 7 ans de politique au service des plus riches, les séquelles de la crise sanitaire pèsent de plus en plus sur le quotidien des collègues dans les écoles. D’autre part, la politique d’inclusion sans moyen prend une part extrêmement importante des difficultés que les collègues nous font remonter.

La politique d’heures et de tâches supplémentaires que certain.es collègues se voient contraint.e.s d’accepter pour perdre un peu moins de pouvoir d’achat ne fait que charger un peu plus la barque au détriment du cœur de notre métier. Dernier avatar de cette politique, la formation rémunérée pendant les vacances ! Totalement inacceptable ! Nous rappelons que la formation est une obligation de l’employeur et doit se faire sur le temps de travail ! Des moyens se doivent d’être dégagés pour cela.

Pour refuser cet état de fait,

pour de vraies augmentation de salaire à la hauteur des pertes subies,
pour une vraie école inclusive, à rebours des bricolages prévus par l’acte II de l’école inclusive,
pour de meilleures conditions de travail,
contre le mépris d’une ministre qui dénigre l’école publique

Nous appelons l’ensemble de la profession à construire le rapport de force, ce qui commence par se mettre massivement en grève le 1 février !

Madame la DASEN, Mesdames et Messieurs les membres du CSA-D, merci de votre écoute.

Vos élus FSU-SNUipp 94 au CSAD :

Marion Fouret : 06 75 00 42 02

Cyrille Micheletta : 06 34 60 15 83

Dominique Angelini : 06 20 54 36 61

Déclaration préalable de la FSU-SNUipp 94 au CSAD du 18 janvier 2024

Déclaration préalable de la FSU-SNUipp 94 au CSAD du 18 janvier 2024