La FSU-SNUipp a rencontré le nouveau Recteur, M.Chanet, dans le cadre de l’audience FSU demandée suite à sa nomination. Nous avons ainsi pu lui faire part de problématiques concernant le 1er degré.

De retour de visites d’établissements dans le 77 suite à des drames touchant élèves et personnels, M.Chanet a tenu en préambule à saluer le professionnalisme et l’engagement des personnels de l’Education nationale et son intention de servir le Service public d’éducation.

Nous avons commencé par évoquer la situation dramatique de nombreuses écoles de l’Académie en raison de la crise du recrutement qui perdure depuis au moins 10 ans sur nos territoires.
M. le Recteur a assuré être bien informé mais nous avons pu lui exposer concrètement les conséquences dans les écoles et surtout l’incohérence entre les injonctions et les méthodes de pilotage par les résultats aux évaluations nationales alors que des centaines et centaines de classes dans l’Académie se retrouvent sans enseignants, parfois pour de longues semaines !
Quel sens donner aux résultats des évaluations d’entrée en 6ème pour former les « groupes de niveau » du « Choc des savoirs » pour des élèves qui ont eu une scolarisation primaire en ayant perdu des semaines voire des mois de classe ? Des élèves qui n’ont parfois jamais ou très peu eu d’enseignant.es formé.es académiquement pour assurer les enseignements ?

M.Chanet convient que cette crise est profonde et qu’il faut des mesures multifactorielles pour l’enrayer. Cependant, il rappelle qu’il faut, malgré tout, tout faire pour améliorer le niveau des élèves.

Nous avons ensuite abordé l’école inclusive en rappelant les positions de la FSU-SNUipp pour les élèves et les personnels mais aussi pour le projet global de l’école inclusive.
À cet effet nous avons défendu et demandé au Recteur que les organisations syndicales représentatives de chaque département de l’Académie participent au CDEI (Conseil Départemental de l’Ecole Inclusive) qui est l’instance qui déploie et guide les décisions dans ce domaine.

M.Chanet convient qu’il serait pertinent que les OS représentatives siègent dans les CDEI. Nous serons attentif.ves à ce que cela se traduise lors des prochaines réunions de cette instance.

En savoir plus : "L’inclusion, oui mais comment faire ?"

Nous avons interrogé le Recteur et le Secrétaire général sur la communication faite par la DASEN du 93 aux IEN de Seine-Saint-Denis sur l’imposition de manuels de lecture dès la rentrée 2025 alors que lors de son arrivée au Ministère, Mme Borne avait ajourné cette mesure du « Choc des savoirs ». Ici et là dans les autres départements, des IEN (par la voix de leurs CPC) cherchent également à imposer des méthodes plutôt que d’autres, disqualifiant les enseignant.es qui s’y opposeraient et allant même jusqu’à exercer des pressions directes sur des collègues.

M. le Recteur et le Secrétaire général affirment que, comme s’y est engagée la Ministre, aucun manuel n’est « labellisé » par le MEN pour la rentrée 2025. Le Recteur précise que si des méthodes sont plus « efficaces » que d’autres selon des études scientifiques, il faut quand même en tenir compte.

La FSU-SNUipp rappelle que si on se réfère à la « science », il faut alors aller regarder dans toutes les sciences humaines : la neuroscience n’est pas plus valable que les sciences humaines et c’est bien la prise en compte de l’ensemble des champs de recherche sans exclusion qui est pertinente.

Ainsi, si l’on se réfère à la grande enquête « Lire, écrire » menée sous la direction de Roland Goigoux (« Étude de l’influence des pratiques d’enseignement de la lecture et de l’écriture sur la qualité des premiers apprentissages », 2017), ce n’est pas le paramètre « manuel » qui est le plus significatif mais celui de la formation des enseignant.es permettant des gestes professionnels adaptés et une bonne maîtrise didactique pour effectuer ces adaptations de manière pertinente.

Nous notons que M.Chanet non seulement maîtrise ces références mais convient que l’ensemble des champs de recherche est pertinent si l’on veut améliorer le niveau des élèves, loin d’un discours dogmatique qui a longtemps été celui du MEN (sous les ministres Blanquer et Attal notamment) et qui reste celui de plusieurs IEN.

Enfin, sur la question du « conflit de norme » entre la liberté pédagogique inscrite dans la Loi et l’imposition voulue de méthodes déclinées dans des manuels, le représentant du SUI-FSU rappelle la position des membres du corps d’Inspection de notre fédération : la liberté pédagogique est la condition de la réussite de notre système scolaire et le travail des IEN ne devrait en aucun cas devenir un « contrôle de conformité des bonnes pratiques/méthodes » imposées d’en haut .

Nous avons ensuite abordé la question de la formation des AESH de l’Académie en dénonçant l’indigence du plan de formation récemment paru. Nous avons indiqué au Recteur que d’autres choix étaient possibles pour répondre à l’ensemble des enjeux de formation de ces personnels afin de mieux répondre aux besoins des élèves et de mieux articuler les pratiques entre enseignant.es et AESH comme cela est le cas dans les plans de formation des Académies de Paris et de Normandie.

M.Chanet nous invite à interpeller sa CT ASH (Conseillère technique) sur le sujet et nous indique qu’il en fera de même. Les plans des Académies de Paris et Normandie seront observés afin de dégager des pistes d’amélioration pour notre Académie.

Pour terminer, nous abordons les évolutions des liens au sein des équipes et des missions des IEN qui ont fortement évolué, conséquence des évolutions règlementaires récentes (Loi Rilhac et RH de proximité dont les IEN sont le premier échelon). Nous témoignons que ces évolutions, loin d’améliorer les relations entre les personnels, créent de nouvelles problématiques :

• certaines directions d’école se transforment en responsables hiérarchiques et cherchent notamment à imposer des structures/répartition des élèves et des classes sans concertation avec les conseils des maîtres.

Le Recteur confirme que les articles du Code de l’Education sur ces sujets ne sont pas abrogés et que c’est bien le CM qui est décisionnaire, le Direction « tranchant » uniquement en cas de non consensus.

• Les IEN ont été la plupart du temps des collègues engagé.es pédagogiquement et ayant précédemment rempli des missions de formateurs auprès de leurs pairs et/ou de conseillers pédagogiques. Iels sont donc majoritairement compétent.es pour assurer le pilotage pédagogique de leur circonscription. Mais iels sont désormais également le 1er échelon de la RH de proximité (instauré avec des moyens indigents) et là… le bât blesse (et c’est un doux euphémisme) !!!
Nous demandons des formations urgentes dans ce domaine car en tant que chef.fes de service, iels doivent être armé.es dans ce domaine et cesser de laisser les conflits internes aux équipes dégénérer ou les collègues en plein désarroi sans écoute ni solution.

M.Chanet n’esquive pas le sujet et reconnaît que les dernières évolutions règlementaires modifient en profondeur les relations entre les personnels du 1er degré sans toutefois apporter des réponses ou solutions lors de cette audience. Il a néanmoins entendu et noté la demande de notre organisation syndicale.

Si notre nouveau recteur s’est montré ouvert à nos arguments, nous ne nous faisons pas d’illusions sur la politique mise en œuvre par le gouvernement Macron. La FSU-SNUipp 94, comme à son habitude, sera vigilante à rappeler les engagements qui ont été pris lors de cette audience.

Votre élue en CSA académique Marion FOURET : 06 75 00 42 02
L’équipe de la FSU-SNUipp 94 à vos côtés tout au long de l’année

Compte-rendu de l'audience avec le nouveau Recteur M. Jean-François Chanet

Compte-rendu de l'audience avec le nouveau Recteur M. Jean-François Chanet