[rouge]La casse du service public d’éducation, avec le recours croissant à la précarité des contrats, de l’accompagnement et des conditions d’apprentissage des élèves, nuit à l’école inclusive et maltraite les élèves, les personnels et les familles[/rouge]

[violet]Jeudi 8 avril[/violet], les AESH se sont mobilisé.es au niveau national contre la logique de mutualisation - et son sinistre fer de lance, le PIAL - pour une nette amélioration de leurs conditions de travail (temps complet, salaire, formation) et la reconnaissance de leur métier par un statut.

[violet]A Paris[/violet], la délégation intersyndicale de région parisienne a été reçue par des administratifs du cabinet du Ministre, qui « ont pris note » de leurs revendications, sans donner aucune réponse à leurs questions, en renvoyant à 2022 des promesses de revalorisation jusque-là non tenues.

[rouge]A l’issue de cette première mobilisation inédite des AESH, la volonté d’amplifier la mobilisation est encore plus forte[/rouge]

La mission des AESH est pérenne, essentielle dans l’école inclusive ; avec l’exigence croissante de formation ambitieuse à la hauteur des profils des élèves accueilli.es, ce sont autant d’arguments pour qu’un statut Fonction publique soit créé pour les AESH.

[rouge]AUDIENCE « URGENCE DANS L’ASH »[/rouge]

[violet]Ce même jour, à la demande du SNUipp-FSU 94[/violet], une délégation composée d’enseignantes des communes de Choisy-le-Roi, Chevilly-la-Rue, Alfortville et Vitry-sur-Seine, accompagnée d’un membre du SNUipp-FSU 94 a été reçue par Madame Costes IEN ASH et Monsieur Kakousky secrétaire général de la DSDEN 94.

La demande d’audience répondait au besoin d’exposer une première série de situations d’urgence absolue - non exhaustives - d’élèves non accompagné.es malgré leur notification individuelle.

[violet]En introduction[/violet], le SNUipp-FSU 94 a souligné que l’objectif était d’exiger de la part des services l’assurance de conditions de sécurité, d’intégrité, d’apprentissage et de bien-être des élèves en situation de handicap.

[rouge]Exposition des situations et leurs répercussions[/rouge]

Les collègues présentes à l’audience exposent des situations préoccupantes parmi lesquelles :

[violet]Choisy le roi :[/violet] à la Maternelle Wallon, sur 3 élèves notifiés à 100% de leur temps de scolarisation, 1 élève n’est pas encore accompagné. L’école Mandela plusieurs élèves notifiés, en CM2 et CE2, se trouvent sans AESH, malgré les alertes données dès octobre 2021.
[violet]Alfortville :[/violet] au sein de l’ULIS TSA de l’élémentaire Octobre, ce sont des heures incomplètes des présences des AESH-i, malgré une notification sur tout le temps de scolarisation – les AESH-i contraintes de donner de leur temps pour les élèves n’ayant pas d’accompagnant.e pourtant dû.e. A l’élémentaire Bérégovoy, 5 élèves notifiés mais sans aucun accompagnement, et 1 élève accompagné par une AESH-m au lieu de l’AESH-i stipulée par la notification en vigueur.
[violet]Orly :[/violet] école Marcel Cachin B, 2 élèves notifiés, dont 1 avec une notification AESH-i à temps complet, se trouvent contraints de partager, dans la même classe, 15h d’AESH.
[violet]Chevilly-Larue :[/violet] dans l’ULIS de l’élémentaire Paul Bert de Chevilly la rue, 1 AESH mutualisée entre la maternelle et l’élémentaire « donne » 1 heure par semaine à deux élèves dont les notifications impliquent l’embauche d’1 AESH à temps plein.
[violet]Villejuif :[/violet] école des Hautes Bruyères, ce sont 4 élèves (GS, CP, CE2 et CM1) dont les notifications datent d’avant septembre 2020, qui ne sont pas accompagnés à cette heure !
[violet]Vitry :[/violet] au collège Vallès, 1 AESH se trouve contrainte à partager son temps entre 3 élèves, dont 2 qui passent le brevet ; aucune solution d’accompagnement n’a été donnée malgré nos alertes depuis janvier 2020 ; à la maternelle Petite Saussaie : 3 AESH sont présentes pour 7 élèves porteurs du TSA ; à l’élémentaire Jaurès, ce sont 4 élèves notifiés qui n’ont à cette heure pas d’accompagnement. La liste est encore longue et nous poursuivrons nos actions pour obtenir les AESH manquant à l’appel.

[violet]La description de l’impact du manque d’AESH[/violet] sur les conditions d’inclusion des élèves, de leur accès aux apprentissages, les régressions de certain.es et des mises en danger sur le temps scolaire n’ont pas semblé surprendre l’administration.

Les conditions actuelles, l’insuffisance criante des moyens mis en œuvre pour l’inclusion dans le Val de Marne nuit aux apprentissages et à l’épanouissement des élèves dans les écoles. Les constats des personnels spécialisés appelés en ultime recours - comme les régulatrices - sont sans appel : « l’enfant n’arrive pas à devenir élève », « il a besoin de l’attention exclusive de l’enseignante ».

[violet]La souffrance exprimée par les collègues présentes :[/violet] angoisse au quotidien face aux situations de mise en danger, désarroi face à la pénalisation des élèves en raison de la discontinuité des accompagnements ou de leur absence ; désarroi face aux questions des familles et à leur inquiétude, à leur mécontentement souvent.

Incompréhension face au manque de formation adaptée pour les AESH accompagnant les élèves autistes ; grande fatigue, épuisement physique et moral d’essayer de « faire fonctionner » le moins mal possible et composer (bizarre, non ?) de ne pas pouvoir compenser les manques ; sentiment d’abandon et de maltraitance institutionnelle.

[violet]Nos interlocuteurs ont reconnu les problèmes du terrain[/violet] et pris note pour rendre compte à la Directrice académique.

L’administration dit être au courant de la situation des ULIS - dévoyées de leur rôle - dans lesquelles on trouve 2 voire 3 élèves qui sont en « salle d’attente » le temps qu’une place se libère en établissements spécialisés. Ce qui peut également prendre la forme d’un maintien en GS ou au CP.

[rouge]Un seul point – et non le moindre - a semblé être découvert par le secrétaire général : les AESH-co des ULIS du département n’ont pas de contrat de 24 heures (+2h) ![/rouge]

Alors que nous évoquions le non-respect légal des notifications AESH-i par le recours de plus en plus fréquent aux AESH-m, l’IEN ASH a indiqué que « ce qui est important, c’est qu’ils soient accompagné.es un minimum ». Quelle méconnaissance du droit, de la réalité et des besoins des ULIS, de dire qu’il y a parfois « presque plus d’AESH que d’élèves » !

Aucune proposition sérieuse ni concrète n’a été apportée face au manque de candidatures d’AESH ; alors que c’est du ressort de la DSDEN de moduler la quotité horaire, le secrétaire général a refusé d’entendre notre revendication de passer à des contrats de 24 heures (+2h), renvoyant cette mesure « aux calendes grecques... peut-être 2022 » ; le temps de l’inclusion et du droit n’est décidément pas celui de notre employeur et de ses représentant.es dans le département.

[violet]Pourtant la revendication d’harmoniser à la quotité horaire la plus favorable[/violet] dans l’académie de Créteil – les temps complets dans le 77 - ou dans un premier temps, la quotité de 62% mise en œuvre dans le 93, soit 24 heures devant élève, est portée depuis 2019.

Suite à nos questionnements, le Secrétaire général a confirmé que les personnes en contrat de Services civiques ne peuvent pas être utilisées comme des moyens d’accompagnement dans les dispositifs ULIS et les classes ordinaires, car cela n’entre pas le cadre de leurs missions réglementées par la circulaire.

[rouge]C’est bien de personnel formé et pérenne dont nous avons besoin pour couvrir les nombreux besoins dans l’ASH avant l’été et dès la rentrée ![/rouge]

Ce qui est plus choquant et inacceptable sont les non-solutions ou des « solutions pommades » qui nous ont été données, comme l’intervention ponctuelle d’un enseignant spécialisé pour donner des conseils ! Ou bien le projet d’avoir des « AESH référent.es à temps complet » l’année prochaine, quand nous savons que le rôle - ingrat en cas de pénurie - de ces collègues sera de gérer la répartition des AESH au sein des PIAL.

[violet]La rentrée prochaine se profile déjà avec la généralisation annoncée des PIAL[/violet] et le recours aux interventions « d’appui » avec la « transformation de l’offre médico-sociale » et l’externalisation des soins.

La situation actuelle de l’inclusion dans les classes ordinaires et les ULIS n’augure rien de bon pour la suite, compte tenu de la maltraitance qu’elle induit pour toute la communauté éducative et en premier lieu les élèves en situation de handicap.

Malgré la communication interministérielle autour des « objectifs d’une société pleinement inclusive », cette audience fut à nouveau la preuve cynique, avec des faits concrets émanant du terrain, de combien la casse du service public, au service des économies budgétaires, est à l’œuvre et casse des dynamiques de progrès, et brise des humains.

Nos revendications :

le respect sans délai ni exception de la loi 2005 : les notifications sont obtenues au prix d’un long parcours, les notifications doivent être respectées.
contre les problèmes de recrutement : augmentation du temps de travail, revalorisation des salaires et création d’un statut fonction publique pour les AESH.
des contrats de 24 heures devant élèves (26h avec les heures connexes) pour toutes les AESH afin de couvrir le temps scolaire des élèves.
valoriser le fait que la présence des AESH en travail concerté avec l’enseignant.e permet de soutenir les apprentissages, canaliser les énergies et crises, rassurer.
l’ouverture des unités d’enseignements et des établissements spécialisés à la hauteur des BESOINS pour résoudre le problème des ULIS « garderie ou salle d ’attente » : que chaque élève en situation de handicap bénéficie d’une vraie scolarisation de qualité et pérenne selon ses besoins et dans l’optique de réaliser le toutes et tous capables, avec les moyens de droit.

Actions possibles :

remplir des fiches RSST et / ou un registre Danger Grave et Imminent lorsque l’absence d’ un.e AESH implique une mise en danger de l’élève en situation de handicap. Signaler par exemple à l’IEN par le biais de la direction d’école, via un rapport d’incident, lorsqu’un.e élève non accompagné.e s’enfuit de la classe, obligeant l’enseignant.es à « choisir » entre sa responsabilité envers la sécurité de l’ensemble de la classe et celle de cet élève.
rendre publics les besoins en accompagnement non respectés par l’administration : affichages, compteur mural d’heures non accompagnées, comme cela est la cas pour les non remplacements d’enseignant.es.
documenter les régressions des élèves en défaut d’accompagnement et faire remonter les informations ; recours au Défenseur des droits.
faire vivre l’ école inclusive, c’est aussi assurer le droit des parents à faire respecter le droit à l’accompagnement de leurs enfants, consacré dans la loi 2005.
poursuivre nos demandes d’audience avec la DSDEN pour présenter les situations et exiger des solutions.
contribuer à l’organisation d’actions intersyndicales de la main avec les parents d’élèves et associations pour exiger une école vraiment inclusive, avec une priorité budgétaire impérative.

[rouge]Amplifier la lutte le 3 juin ![/rouge]

Conscient que les situations exposées le 8 avril ne sont pas les seules, le SNUipp-FSU 94 vous invite à nous faire connaître vos problèmes (manque d’AESH-i ou mutualisé.es, non-respect des notifications, etc.) en complétant l’enquête en ligne

Pour toutes les raisons exposées plus haut, nous invitons les personnels des écoles, unités d’enseignement, établissements spécialisés et ULIS collèges, à poursuivre et se joindre aux mobilisations en cours pour amplifier notre lutte pour une école inclusive de qualité.

Compte-rendu d'audience «URGENCE DANS L’ASH » du 8 avril